Blog Archives
A l’image de la force, le voyage a aussi son côté obscur. Nous l’évoquons partiellement, ne le connaissons pas vraiment mais il nous attire parfois et en avoir conscience fait aussi partie du voyage.
Rapidement pour ne pas en parler qu’oralement au retour voici en quelques lignes ce que j’en vois, analyse personnelle et sans concertation avec les autres membres de la famille.
Le cercle restreint de la famille :
A la fois formidable et difficile, être à 5 durant tout ce temps ne sera pas neutre dans l’évolution de notre famille. On se connait tous mieux, mais également tels des nuages orageux, la foudre tombe depuis ma main vers les petits. Pas si souvent, jusqu’à ce jour contrôlée, la foudre tombe trop vite, pas toujours bien comprise des petits dans sa soudaineté et dans sa puissance.
Distributeur automatique de billet :
Depuis que nous sommes en Asie, chaque acte d’achat de 0,10 euros à 100 euros est une épreuve. On entend souvent en Asie : il faut négocier, OK , on joue avec ça . Mais notre expérience va plus loin. En Indonésie, on avait la sensation de payer plus cher car on était des touristes. Depuis, on a eu à plusieurs reprises non seulement une exagération sur le prix mais des mensonges sur la nature de l’achat lui même. Combien de pièges non vus ? La réponse bouddhiste qui dit que si j’achète un objet trop cher c’est mon problème et non pas celui du vendeur est intéressante mais occulte toute humanité dans l’acte d’achat. Les gens avec qui nous communiquons parlent anglais et ont quelque chose à nous vendre. Ils s’intéressent au chiffre d’affaires qu’ils vont faire sortir de notre porte feuille. La lueur divine illuminant souvent les visages d’indonésiens au moment de la passations des billets, même pour une somme convenue la veille, restera une des plus grandes surprises du voyage. J’espère que ce sentiment vient uniquement du fait que l’on est dans les flux touristiques, mais quelques exemples en dehors de ces flux me font douter.
Pauvreté, Le Sud, PVD, tiers monde…
Difficile de trouver un mot pour qualifier les 11 pays traversés sans projeter une valeur morale à leur vie. Je pense que parler de niveau de vie moyen est approprié mais il néglige les écarts ostensibles des habitants. L’autre indicateur : espérance de vie en dit long aussi. Comment vivrait on en France avec une espérance de vie de 56 ans ? Je me lasse de voir des gens qui n’ont rien ou presque. Notre vie en France, certainement très difficile pour certains, me semble tout de même plus simple. Ce décalage me fatigue en profondeur.
Violence
Les petits ont été mis devant des scènes de violence sur les écrans des bus, hôtels, restau mais aussi quelques actes en vrai, vol dans le camping car, petite fille tapée par sa mère devant nous. On n’a pas pu les protéger de tout ça, du coup on en parle. Comment ils l’intègrent ?
Voici pour des sujets obscurs et de la vie des grands, dont on parle souvent tous ensemble.
On est à Kratie à 4h au sud de la frontière du Laos, toujours sur le fleuve Mekong qui grossit de km en km.
On avait décidé de passer la frontière sans les services VIP dédiés aux touristes et de saucissonner le parcours en transports normaux. On nous avait déconseillé de le faire car le prix serait surement plus élevé et le temps beaucoup plus long.
On s’est débrouillé , normalement, à l’ancienne et au bilan on a attendu 3h et économisé 25 euros. On en a profité pour remettre la moitié dans la chambre d’hôtel et hop, le luxe : ce soir 3 grands lits, le wifi et une salle de bain à l’européenne.
Nouvelle monnaie ( indexée sur l’USD ), nouvelle langue et nouvelle culture, c’est reparti pour 2 semaines d’aventure. On est content et on espère de bonnes surprises.
Photo hier soir, prise entre les moustiques :
Difficile d’être loin du Tour de France, les longues échappées qui permettent de bonnes siestes, les sprint majestueux, les châteaux, les cols et toute cette magie du Tour de France. Et aussi le classement qu’on ne connait que 10 ou 15 ans après…
Bon, nous aussi on a croisé le Tour :
Comme on est à nouveau dans notre rythme, on a tous fait un vœux et le papa et la maman ont dit : « on va essayer de les exhausser dans un temps le plus court possible».
Elian : faire de l’éléphant
Vaïk : voir un terrain de guerre
Candice : visiter un temple
Stéphanie : prendre une douche ailleurs que dans les sales de bains qu’on pratique
Adrien : monter sur un volcan.
En résumé : Que ce serait élégant de monter sur un volcan à dos d’éléphant ! Un endroit magique ancien lieu de guerre, lavé d’une douche majestueuse et devenu lieu de culte.
Et hop en cliquant sur google dream cette petite phrase, la réponse la plus proche de notre point de connexion était le plateau de Phou Asa à 50 km de là où on logait. Les 5 vœux pourront s’exhausser simultanément.
On y est donc parti en tuk tuk, dans un voyage roquebolestque de 4 heures avec des tentatives d’arnaques déjouées par la famille Rdejeux. Le vœux est grand, l’atteinte est difficile.
Et puis, dans le village de Kiet Knong, tout s’est arrangé, le vœux multiple a été exhaussé en une unité de temps:
Elian : faire de l’éléphant
On a fait une balade de 1h30 à dos de 2 éléphantes de 25 et 40 ans. Le petit blond a dormis à l’aller mais n’a pas arrêté de commenter les fais et gestes des éléphants au retour.
Vaïk : voir un terrain de guerre (NDLR : Vaïk après discussion voulait un terrain de lance pierre, non de guerre)
Le haut de la balade se trouvait sur un grand plateau rocheux , bordé de tours, ce plateau était une place forte utilisée par les villageois quand en 1815 ils se sont révoltés contre le roi de Champassac qui les rabaissait quasiment à l’état d’esclaves.
Candice : visiter un temple
Ce lieu étrange et symbolique d’une révolte justifiée est devenu un lieu sacré bouddhique, sur lequel tous les ans une cérémonie importante à lieu. Des branches de frangipanier sont fixées sur la roche pour donner l’illusion de petits arbres qui pousseraient sur une roche monolithique.
Stéphanie : prendre une douche ailleurs que dans les sales de bains qu’on pratique
Les éléphants allaient aspirer de l’eau dans des flaques et se la lançait sur le corps, certainement pour se refroidir. C’était donc l’occasion de se faire bien arroser. Je ne suis pas sûr que le vœux est été bien exprimé.
Adrien : monter sur un volcan.
Le plateau de Phou Asa est une curiosité volcanique, c’est une immense coulée de lave très compacte que le temps n’a pas réussi à percer. Du coup rien ne pousse et la terre n’arrive pas à se fixer dessus. Une belle surprise au milieu de cette région pas vraiment réputée par son activité volcanique.
On s’est retrouvé dans le village Kiet Knong, avec une organisation communautaire qui gère 15 éléphants , une petite auberge et des sorties en canoë traditionnel. On a apprécié le tour en éléphants et le principe de la communauté, assez différent de ce qu’on a vu jusqu’à présent. On s’est resté un peu plus que prévu pour faire la sortie en canoë sur le grand marais.
Nous voilà plein d’enthousiasme assis dans 2 petites pirogues qui après équilibrage flottaient à 2/3 cm au dessus de la surface. Les guides, debout à l’avant, poussaient les embarcations à l’aide de longues tiges en bambou. On traversait de grandes herbes et chaque poussée faisait entrer un peu d’eau. Heureusement nos tongs étaient efficaces pour échopper. Protégés du soleil par chapeaux, parapluie et crème soleil, c’était l’aventure.
Les enfants étaient calmes, trop calmes.
Après un quart d’heure, je sens une douleur vive au milieu du mollet droit. Une piqure bizarre ! Une douleur jamais ressentie en tous cas. Je mets la main, un truc gluant, je l’accroche, c’est élastique. Enfin ça lâche, une sangsue de 10 cm de long, très jolie noire et rouge. Elle me repique un doigt, à 2 mains je m’en débarrasse dans de grands mouvements, j’imagine pas trop virils !!!! Vaïk et Elian me demandent ce qui se passe. Je dis « rien, rien » dans une voix peu rassurante. Cinq minutes après j’en attrape une seconde plus petite. Mais là je me demande vraiment comment on va gérer le truc si Vaïk ou Candice en choppe une et se met à crier. Dans ces bateaux, impossible de bouger sans passer à l’eau. Et si on bascule , quel ordre de priorités : Passeports, appareil photo ( certainement en premier ), Vaïk , Elian et moi aussi ça peut compter.
Les langues se délient, tout le monde a peur, araignées, fourmis, grenouilles, herbes géantes se donnent le relai devant nous yeux. Vaïk me demande commet c’est possible de choisir un tour comme ça.
On s’autocalme tous, demande un retour rapide à la berge. On y arrive sans encombre, crevés. Une heure après on commence à en rigoler.
Vous l’aurez compris, la quiétude des photos n’a rien avoir avec ce qu’on vivait dans l’instant.
On revient à la civilisation du futur avec la connexion Wifi. On vient de se faire plaisir, 3 jours à voyager léger et à l’ancienne, en vrac quelques instants :
Chutes d’eau au top,
Attentes de bus aux carrefours et dans les marchés
Stop et rencontres brèves et intenses
Rdejeux dans un village animiste ( proche de la misère en apparence )
Rdejeux entre nous 1000 km, Uno, lance pierres,
En résumé, l’incertitude du voyage avec des surprises en générale assez bonnes.
Avec Stéphanie, on est parfaitement en phase sur ce qu’on aime quand on voyage, on s’est donc remis dans un vrai rythme. On pense aussi que les petits nous ont retrouvés même si les attentes de transports ne les font pas rigoler.
On va passer quelques jours dans le Sud du Laos avant de basculer au Cambodge. On a fixé la fin de l’année scolaire au 19 juillet, ensuite vacances pour tous jusqu’au 1 er août.
J’ai 10 ans je suis super contente car je suis grande. On a mangé 3 gâteaux et ils étaient trop bons.
Programme :
Le matin chausson aux pommes, j’ai soufflé une bougie, en suite avec Maman Vaïk et moi nous sommes allés dans un centre commercial où on a acheté des jeux, des vêtements…
En suite nous avons rejoint papa et Elian pour manger des sushis, pour de dessert on a mangé une super tarte aux pommes et là j’ai soufflé 10 bougies. J’ai ouvert quelques cadeaux : un vernis à ongles ( c’est Vaïk qui me l’a offert ), des légo et un short.
On va à l’institut français pour lire un petit peu, ensuite on va chez la tante de Manoly. Là bas, on joue et on mange de la pizza et un bon gâteau avec beaucoup de crème. Ils m’ont même offert un livre.
En rentant à l’hôtel, j’ouvre mes derniers cadeaux : une montre, une carte et un livre. C’était trop bien.
J’ai 10 ans.
Candice
NDLR : Candice voulait aussi visiter un temple, ce qu’on a fait le lendemain faute de temps le jour J.